Louis Jacques Filion sur l’entrepreneuriat

Louis Jacques Filion sur l’entrepreneuriatLouis Jacques Filion est professeur honoraire au Département d’entrepreneuriat et innovation à HEC Montréal. Il a été pendant plus de 20 ans titulaire de la Chaire d’entrepreneuriat Roger-J.-A.-Bombardier à cette institution

Expertises

Entrepreneuriat, intrapreneuriat, création d’entreprise & innovation.

À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?

Louis Jacques Filion : Actuellement, de nombreuses entreprises québécoises font partie du 6% des entreprises des pays de l’OCDE connaissant une croissance. Face à cette progression et à l’implantation du programme sur les gazelles par le gouvernement du Québec, plusieurs questionnements sur le développement et la gestion de la croissance dans les organisations ont été suscités. La hausse du nombre de pays dotés de programmes axés sur la croissance organisationnelle m’a permis de constater les lacunes sur le sujet dans le contenu des cours d’entrepreneuriat. À cet effet, j’ai rédigé des ouvrages comprenant des études de cas et des textes conceptuels afin de mieux former les étudiants à la croissance en entreprise. Mentionnons, entre autres : Croissance et soutiens à la croissance d’entreprise (2015), La croissance d’entreprise : vision, agilité et doigté (2015), Entreprendre et savoir s’entourer (2017).

Par ailleurs, l’innovation occupe de nos jours une place importante au niveau des intérêts des étudiants et des organisations. J’ai donc développé une série de livres sur l’intrapreneuriat, soit la conception ainsi que la mise en œuvre en interne de l’innovation. Mentionnons : Oser intraprendre : ces champions qui font progresser les organisations et les sociétés : douze modèles exemplaires (2012) ainsi qu’Innover au féminin/savoir se dépasser (2013), qui présente de nombreuses femmes fortement impliquées dans le processus d’innovation. Ce livre comprend une série de cas et des textes détaillant les manières d’initier et de gérer l’innovation dans les organisations.  Celui sur Intrapreneuriat : s’initier aux pratiques innovantes (2016) réalisé encore une fois en collaboration avec plusieurs coauteurs dont Mircea-Gabriel Chirita, présente des études de cas mais aussi une synthèse des recherches sur le sujet.

Mon approche est axée sur la pratique et l’essentiel de mes recherches s’effectue sur le terrain, par des entretiens avec des entrepreneurs et des intrapreneurs. Le but de mes recherches consiste à structurer de nouveaux cours. Mes livres, composés d’études de cas, servent à initier les étudiants à l’innovation et à l’entrepreneuriat, car selon moi, rien n’est plus puissant à l’apprentissage que l’utilisation d’exemples. Ces études de cas sont construites en tenant compte de l’état des connaissances sur les sujets concernés.

Mon prochain livre qui sera lancé en septembre 2017 aborde la relation entre les créateurs et les entrepreneurs dans le processus d’innovation dans les industries culturelles et créatives: Artistes, créateurs et entrepreneurs (2017).

Quels sont les défis dans votre champ de recherche?

Louis Jacques Filion : De nos jours, l’intérêt grandissant pour l’innovation et l’entrepreneuriat mène à une progression rapide du nombre d’outils disponibles sur le sujet. Le défi est d’intégrer les résultats de recherches dans les programmes scolaires. Les milieux de travail évoluent de plus en plus rapidement, en particulier les milieux péemmistes, et il importe que l’enseignement suive la cadence.

Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?

Louis Jacques Filion : Ayant grandi dans une famille possédant plusieurs PME, j’ai toujours désiré devenir entrepreneur et travailler dans le monde des affaires. À l’époque, aucun programme d’entrepreneuriat n’existait, mais au début des années 1980, j’ai participé à l’introduction du premier programme en entrepreneuriat au Québec et au Canada à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). J’œuvre dans le domaine depuis maintenant près de 40 ans. J’ai à mon actif de nombreux livres et j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec une multitude d’entrepreneurs chevronnés tels que Paul Fireman qui a fait de Reebok une multinationale, Jean Coutu, Rémi Marcoux  (Transcontinental), Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard), Luc Maurice, Lise Watier et de nombreux autres. J’ai réalisé plus de 1 000 entrevues avec des entrepreneurs répartis sur les cinq continents et produit plus de 200 études de cas.

Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?

Louis Jacques Filion : En entrepreneuriat, on doit réfléchir à ce que l’on veut devenir et à ce qu’on compte faire pour pouvoir s’y rendre graduellement. Il faut y aller petit à petit.

L’enseignement traditionnel reflète souvent une certaine culture de conformité. En entrepreneuriat, il faut promouvoir l’initiative. L’entrepreneur est une personne qui passe beaucoup de temps à définir ex nihilo. Pour l’étudiant, il ne s’agit pas que d’assimiler des savoirs. Il importe d’apprendre à réfléchir sur des savoirs être, des savoirs devenir, des savoirs définir, des savoirs passer à l’action et des savoirs faire.

L’entrepreneuriat peut s’enseigner de nombreuses façons. Je privilégie un mélange d’approches pédagogiques qui comprend des études de cas, des travaux réflexifs et des exercices interactifs. L’interaction entre l’enseignant et l’étudiant est essentielle, car elle permet de sortir l’étudiant de la passivité dans le processus apprenant.  Le médium est le message a écrit Marshall McLuhan.  Lors de l’apprentissage de l’entreprenariat, les exemples ainsi que les modèles d’entrepreneurs sont inspirants. Bon nombre de cours d’entrepreneuriat à HEC Montréal misent sur le contact en classe entre l’étudiant et l’entrepreneur. L’entrepreneuriat est à la fois un phénomène individuel et collectif, d’où l’importance du mentorat. En effet, 80% des entreprises nord-américaines sont fondées par des équipes. Les entrepreneurs se distinguent par leur créativité et leur capacité à bien s’utiliser ainsi qu’à bien utiliser des ressources présentes dans leur écosystème. Le mentor joue un rôle crucial, car son expérience permet de baliser cette créativité.

L’entrepreneuriat, c’est la prise de conscience de soi suivie de l’échange avec les autres.  Au cours de cet apprentissage, il faut viser la mise en valeur de ses propres différences et apprendre à savoir les exprimer.

Louis Jacques Filion chez eValorix

Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt

Les innovations sociales, ça vaut le coup!

Le Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociale (CLIPP) a tenu vendredi dernier sa Grande Rencontre annuelle sous le titre: Améliorer l’évaluation des innovations sociales pour une meilleure reconnaissances de leurs retombées.

Pour l’occasion, l’équipe d’eValorix effectuait sa première sortie officielle. Nous sommes heureux d’avoir pu prendre part à cette rencontre. Son thème nous touche, car il en appelle à la mission même de notre plateforme en ligne : Donner vie aux innovations.

Comme le mentionnait Nicolas dans un premier billet, la « valorisation de la recherche est très axée sur les technologies brevetables à fort potentiel commercial ». Alors que les retombées des innovations sociales sont indéniables, les produits de ces recherches sont trop souvent laissés sur les tablettes.

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De la tablette à Internet

Les chercheurs de ce domaine et les produits de leurs recherches méritent d’être mis de l’avant. Études de cas, logiciels, guides, méthodes, livres numériques, applications Apple ou Android; nous cherchons à diffuser l’innovation sous toute forme numérique. Notre ambition, comme le mentionnait Thomas est de devenir l’Amazon des produits de la recherche, une place de marché où :

  • Mettre de l’avant l’expertise des chercheurs
  • Étendre les liens avec le milieu de pratique
  • Faciliter la diffusion des produits de recherche

Suite à un commentaire de Jérôme Elissalde, agent de mobilisation des connaissances à l’UQÀM, Valérie Borde, journaliste à l’Actualité et animatrice de la synthèse des tables rondes durant la Grande rencontre, résumait sur son fil Twitter :

Tweet-VBordeCLIPP

eValorix souhaite devenir une source incontournable de produits de la recherche. En plus d’attirer l’attention des publics cibles, notre objectif est également de rendre accessible l’information qui y est présentée et de faire ressortir leur valeur ajoutée.

Appel aux chercheurs

Notre plateforme est en pleine expansion. Plusieurs partenariats seront annoncés dans les prochaines semaines.

Si vous êtes chercheur dans une université, un collègue ou un centre de recherche public, contactez-nous afin d’apprendre ce qu’eValorix peut faire pour vous et vos innovations.

Un grand merci aux organisateurs du CLIPP et aux participants de cette journée!

Félix

L’entrevue de Nicolas Pinget lors de la Grande Rencontre du CLIPP

Vision d’eValorix : un «Amazon» des produits universitaires

Pour mon premier billet, je voulais vous présenter la vision d’eValorix.

La valorisation de la recherche au Québec : un impact reconnu des sociétés de valorisation

Avant toute chose, il faut savoir que la valorisation de la recherche n’est pas un phénomène nouveau. En 2001, le gouvernement du Québec a créé les sociétés de valorisation de la recherche universitaire (« SVU »). Univalor, MSBi valorisation, SOVAR, et Gestion VALÉO ont alors vu le jour et travaillent, depuis, avec les bureaux de liaison des entreprises universités (BLEU) de leurs institutions partenaires. Même si les 4 sociétés de valorisation ont des modèles d’affaires différents, toutes ont démontré leur pertinence à travers leurs activités :

  1. La génération de revenus de commercialisation
  2. L’obtention de contrats de recherche pour leurs institutions membres
  3. La création de nouveaux emplois

Jacques Simoneau, Président-directeur général d’Univalor, présentait d’ailleurs les résultats de l’évaluation du gouvernement du Québec sur les performances des SVU au cours des trois dernières années. Le rapport souligne l’excellence et l’impact majeur des activités des SVU pour l’économie. Plus récemment, Univalor créait eValorix, une nouvelle plateforme de vente en ligne.

eValorix : l’alternative au « Breveté, démarché, licencié »

Actuellement, les SVUs se focalisent principalement sur les technologies brevetables comme l’explique Nicolas dans notre premier billet. Au sein d’Univalor, je travaille principalement sur des dossiers issus de Polytechnique Montréal et de HEC Montréal. Les personnes à qui je me présente sont généralement étonnées d’apprendre que notre équipe travaille également sur des innovations issues d’une école de commerce. Avec eValorix, nous voulons aller encore plus loin et distribuer les autres résultats de recherche pour lesquels le processus habituel de transfert de technologies (« Breveter, démarcher, licencier») n’est pas adapté. Voilà donc l’esprit d’eValorix!

eValorix : un « Amazon » des produits universitaires

eValorix permet de vendre ces résultats de recherche. Plusieurs sites internet proposent à des universités ou des bureaux de transfert de «poster» des technologies pour les promouvoir et trouver d’éventuels partenaires (c’est à dire la partie « démarchage » du processus habituel). Toutefois, eValorix est quelque chose de différent qui s’apparente davantage à une réelle société de valorisation de produits numériques en ligne. Notre objectif est d’être reconnu comme une boutique où nos clients peuvent trouver directement et en ligne des produits développés par des experts reconnus à travers le monde, un «Amazon» des produits de la recherche en sorte!

À plus long terme, nous souhaitons ouvrir notre réseau et proposer non seulement aux chercheurs des institutions membres d’Univalor de l’aide pour terminer le développement de leurs outils (mise en page de documents, développement logiciel) mais aussi à ceux d’autres institutions québécoises et d’ailleurs. Je pense que c’est un beau défi.

Thomas